Terrains de jeux, terrains de luttes

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Terrains de jeux, terrains de luttes

 

Après l’éloge de la passe publiée aux Éditions libertaires, Nicolas Kssis-Martov (1) nous livre une autre histoire du sport, celle du sport ouvrier et celle de ses militant-e-s. Car dès après la Commune de Paris et bien avant le Front populaire, le sport devint pour certains un autre espace de lutte : pour eux, la classe ouvrière devait s’organiser sur tous les terrains dans le cadre d’une démarche d’éducation populaire émancipatrice. 1934 est une année décisive, celle où est créée la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT) au siège de la CGT-U rue de la Granges aux belles à Paris.

 

Elle marque l’unité ouvrière car « devant les menaces fascistes et les dangers de guerre, les organisations sportives ouvrières ne sauraient prolonger plus longtemps leur division ». Une bonne place est faite aux Olympiades populaires de Barcelone en 1936 organisées face aux Olympiades de la honte de Berlin. Des olympiades antiélitistes ouvertes à tout le monde quel que soit son niveau. Sous Vichy quelques résistants s’organisent autour du journal Sport libre. Par la suite la Guerre froide entraînera de multiples scissions dans le sport ouvrier dont celle de la FSGT. L’auteur offre aussi une belle évocation de l’anticolonialisme sportif du « front à crampons » des « déserteurs » de l’équipe de foot du FNL algérien ;de l’internationalisme ouvrier et sportif dans la lutte anti-apartheid et du « rugby blanc » ou en solidarité avec la Palestine.

 

Mai 68 bien sûr est évoqué, avec ses militants (pas tous) qui n’aiment pas le sport et surtout les footeux en révolte qui occupe le siège de la FFF. Autre évocation du sport conscient, l’appel au boycott de la coupe du monde en Argentine en 1978 ou des jeux de Moscou en 80. En bref, comme en 1936, un sport contre les dictatures. Après un détour par le syndicalisme des profs de gym et leurs contradictions, le petit livre se clôt sur les murs de grimpe et leur ambition d’une escalade citadine et populaire à l’instar du mur autogéré de la FSGT dans le 14e à Paris.

 

Un regret, parfois un livre trop synthétique, on aurait aimé avoir plus de précision, mais la collection Celles et Ceux se propose de faire lire, il fallait donc être bref.

A noter au-delà du texte une riche iconographie (affiches, photos…).

 

 

  • Kssis-Martov N, 2020, Terrains de jeux, terrains de luttes, militant-e-s du sport, Ivry sur Seine, Ed de l’Atelier à Publico
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