Trop classe ! Enseigner dans le 9-3

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Trop classe !, Enseigner dans le 9-3

Véronique Decker, Editions Libertalia, collection n’autre école, 2016

 

Trop classe ! est un superbe petit livre d’une instit puis directrice d’écoles Freinet en Seine-Saint-Denis. Un livre de souvenir d’une jeune retraitée qui nous narre ses trente années de carrière dans ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui les “quartiers”. Elle a pris son pied durant tout ce temps et nous rappelle que « le plaisir d’enseigner crée le plaisir d’apprendre » (p.50)… elle a tout fait pour cela.
Faire apprendre aux gosses de banlieue, les renois, les blancs, les beurs, les rroms et les autres. Leur “apprendre” dans la coopération et la solidarité pour qu’ils s’émancipent. Un livre fait de beaux portraits d’enfants, les faciles et les difficiles, les tendres et les durs à cuire. Tous avaient pour Véronique, le même intérêt, et elle fit tout pour qu’ils “s’enseignent” malgré les difficultés économiques, familiales, la violence quelquefois, malgré la misère, le bidonville… Elle fit tout pour qu’ils grandissent dans et par l’école, mais aussi en classe transplantée, pour qu’ils voient d’autres choses que le béton des cités. De beaux souvenirs de rentrées, même si elles ne furent pas toujours faciles dans ces banlieues déglinguées, une belle coopération en équipe Freinet qui refuse le pouvoir et la hiérarchie.

Bref, un petit livre plein d’oxygène pédagogique à respirer de toute urgence, et qui nous rappelle quelques règles essentielles comme « enseigner, ce n’est pas une succession de gestes techniques, c’est un acte politique fort, qui dit à chaque enfant qu’il a le droit d’accéder aux savoirs et à en tirer un pouvoir sur le monde » (p.50) ; ou encore « la pédagogie Freinet [ou libertaire] n’est pas une “méthode”. Ce sont d’abord des principes, et ensuite des techniques pour mettre en œuvre ces principes » (p.115).

Quelques désillusions toutefois en fin de parcours : une banlieue laissée à l’abandon et stigmatisée par les politiques, des conditions de travail dégradées, un syndicalisme qui, après avoir été unitaire et puissant, est aujourd’hui défaillant. Mais en souvenir, malgré tout, de grandes joies et de grands moments de bonheur professionnel. Véronique nous donne là une belle leçon de vie au travail. Elle qui n’a jamais renoncé à partager le savoir nous engage, malgré les difficultés, à ne rien lâcher, car pour elle, éducation rime toujours avec émancipation.

 

 

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